Communiqué de presse
Dakar – Genève, 15 décembre 2021 (OMCT) – La torture est présente à toutes les étapes des routes migratoires en Afrique, selon un rapport publié aujourd’hui par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT).
Le rapport, intitulé Les routes de la torture – Le cycle d’abus contre les personnes en situation de déplacement en Afrique, est le premier à analyser de manière exhaustive les expériences des migrants sur le continent. C’est le résultat d’une recherche collective s’étalant sur deux ans et couvrant huit pays d’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Nord, qui incluent des lieux d’origine et de transit pour les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés en quête de sécurité, de protection et d’une vie meilleure. La recherche a été menée par un groupe de travail composé de 10 organisations de défense des droits humains d’Afrique et d’Europe du Sud spécialisées dans les migrations et la torture, qui a interrogé plus de 250 réfugiés, demandeurs d’asile et autres migrants, ainsi que des travailleurs humanitaires et des représentants de gouvernements.
« Alors que les mouvements migratoires vers l’Europe continuent d’attirer beaucoup d’attention, le lien étroit entre migration et torture est largement resté dans l’ombre », a déclaré Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT. « Notre recherche révèle une réalité crue : la torture et d’autres formes de mauvais traitements sont un déclencheur de la migration ; ils sont omniprésents sur les routes migratoires, où ils se sont considérablement aggravés ces dernières années ; et enfin, la vaste majorité des victimes ne reçoivent aucune forme de traitement, bien qu’elles aient subi d’horribles abus ».
Le rapport combine des histoires de violence et d’extorsion par des agents aux frontières, de traite des êtres humains, de prostitution forcée et de viol aux mains de gangs criminels, avec une analyse approfondie des cadres juridiques pertinents. Il souligne également comment les accords de migration signés par l’Union européenne (UE) et plusieurs de ses États membres avec un certain nombre de pays africains ont contribué à une augmentation de l’exposition des migrants à cette litanie d’abus. Le rapport propose une série complète de recommandations aux États, aux groupes régionaux et aux organisations internationales, y compris la création de voies sûres et légales vers l’Europe.
« La torture sur les routes migratoires n’est pas un dommage collatéral. Elle est facilitée par les lois et les politiques nationales qui criminalisent les migrants », a déclaré Isidore Ngueuleu, responsable du bureau Afrique de l’OMCT. « Le débat ici n’est pas d’accepter ou non les migrants dans nos sociétés. Il s’agit de mettre fin à ce cycle épouvantable de torture, de sanctionner les auteurs et de réhabiliter les survivants. Les pays ne peuvent pas fermer les yeux simplement parce que ces personnes ne sont pas leurs citoyens ».
Le rapport est un appel à se recentrer sur les politiques migratoires aux niveaux local, régional et mondial, intégrant la protection des migrants et la prévention de la torture comme une priorité. « À la lumière des expériences réelles des migrants, il est urgent de repenser de manière critique les politiques d’externalisation de l’UE et de ses États membres et de redéfinir le soutien international aux structures frontalières qui sont souvent répressives et abusives en Afrique », a déclaré Aminate Dieye, président du groupe de travail. « La réponse à cette crise largement ignorée est davantage d’État de droit, davantage de protection et moins de répression ».
Le groupe de travail sur la migration et la torture en Afrique est composé de 10 experts issus du Réseau SOS-Torture dont le but est d’analyser des informations de première main afin de produire de la recherche et des recommandations faisant autorité dans le domaine de la protection des migrants contre la torture et les autres peines ou traitements inhumains, cruels ou dégradants. Le groupe est parrainé par l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et par le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), sans lequel il n’aurait pas été possible de réaliser cette étude.
Pour obtenir plus d’informations, merci de contacter :
Iolanda Jaquemet, Directrice de la communication
ij@omct.org, +41 79 539 41 06
ANKU Gaëlle, Chargée de communication au cacit
cacitcommunication@gmail.com; +22892015901