INDEX MONDIAL DE LA TORTURE : LE TOGO À L’HEURE DU DIAGNOSTIC COLLECTIF

Le Togo figure parmi les pays pilotes de l’Index Mondial de la Torture. Cet outil inédit, élaboré pour mesurer le risque de torture à travers le monde, a été présenté lors d’un atelier national organisé par les membres du réseau SOS Torture dont le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), le Centre de Documentation et de Formation sur les Droits de l’Homme (CDFDH), l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-Togo) en partenariat avec l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT). Cet atelier qui a rassemblé acteurs étatiques, société civile et partenaires internationaux s’est tenu le vendredi 27 juin à Lomé et marquait l’aboutissement d’une campagne digitale conjointe de trois semaines, portée par le CACIT et le CDFDH, en partenariat avec l’OMCT.

Un score préoccupant et des enjeux urgents

Le diagnostic est sans appel : le Togo a obtenu un score global de 54/100 à l’Index Mondial de la Torture, le plaçant dans la catégorie des pays à risque considérable. Ce chiffre masque une réalité complexe et préoccupante, marquée par les détentions arbitraires, les violences basées sur le genre, des conditions carcérales alarmantes et une impunité persistante. Les données de cette phase pilote sont édifiantes : les prisons togolaises souffrent d’une surpopulation carcérale critique, une majorité de détenus attendent leur procès, et des enfants sont malheureusement incarcérés aux côtés des adultes. Bien que le cadre légal togolais criminalise explicitement la torture, les violences faites aux femmes et aux minorités restent largement sous-documentées, révélant un fossé entre la législation et son application.

L’Index, en tant qu’outil d’évaluation indépendant, combine habilement données factuelles, observations directes des acteurs locaux et analyses juridiques. Il permet d’évaluer les progrès et les lacunes à travers sept critères fondamentaux, allant des garanties juridiques existantes à la réparation effective des victimes. Lors de l’atelier, la présentation des résultats a été suivie d’un examen approfondi de la mise en œuvre des recommandations du Comité contre la torture. Les échanges ont abouti à l’identification de pistes concrètes, notamment l’intégration de la dimension de genre dans les politiques de prévention.

Vers une action collective pour éviter la « zone rouge »

Au-delà de la simple photographie de la situation, l’atelier a surtout servi de levier de mobilisation. Le Secrétaire Général de l’ACAT-Togo, Bruno Haden a tiré la sonnette d’alarme, rappelant les violations commises lors des manifestations des 5, 6, 26, 27 et 28 juin 2025. Il a insisté sur le fait que les traitements inhumains ou dégradants sont également des actes de torture, et qu’en l’absence de mesures immédiates, le Togo risque de basculer dans la zone à risque très élevé dès 2026. Un appel à l’ouverture d’enquêtes sur ces incidents a été lancé.

De son côté, Esso-Dong Kongah, Directeur Exécutif du CDFDH a souligné l’importance de l’engagement collectif, voyant dans l’Index un levier essentiel pour améliorer la gouvernance, renforcer la prévention et garantir une meilleure protection des droits fondamentaux.

Guy Valère BADANARO, Coordonnateur du programme régional Afrique du CACIT a insisté sur la nécessité d’accéder à des données fiables pour piloter des réformes durables, affirmant que cet outil est crucial dans la lutte contre l’impunité.

L’atelier s’est achevé sur une série de recommandations unanimes : la réforme du Code de procédure pénale, l’amélioration des conditions de détention, l’adoption de mesures alternatives à l’incarcération, une meilleure prise en charge des victimes, et l’application effective des décisions judiciaires nationales et régionales.

Les participants ont également souligné l’importance cruciale de renforcer la coordination interinstitutionnelle et de maintenir un dialogue constant entre les autorités, la société civile et les partenaires techniques. Demain nous reviendront sur une analyse approfondie des principaux points abordés.

Si l’Index offre une image précise de la situation actuelle, seule une action collective et concertée permettra d’inverser durablement la tendance et d’assurer une protection accrue des droits humains au Togo. Rendez-vous demain pour revenir sur les prises de parole marquantes et les pistes d’action concrètes formulées au cours de cette journée d’échanges.

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COLLECTIF DES ASSOCIATIONS CONTRE L'INPUNITÉ AU TOGO.

Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) est créée suite aux violences que le Togo a connues avant, pendant et après les élections présidentielles de 2005. C’est un réseau de quatorze (14) associations et ONGs apolitiques et à but non lucratif afin de contribuer à l’amélioration de la situation des droits de l’Homme, au renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance au Togo.

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