CAMEROUN: LE GROUPE D’INTERVENTION JUDICIAIRE SOS TORTURE EN AFRIQUE EXIGE L’OUVERTURE D’UNE ENQUÊTE JUDICIAIRE SUR LES ACTES DE TORTURE SUBIS PAR L’ARTISTE LONGUÈ LONGUÈ

Déclaration conjointe :

Lomé, Genève- Le 29/10/2024, Le Groupe d’Intervention Judiciaire SOS-Torture en Afrique (GIJ), appelle les autorités camerounaises à ouvrir une enquête judiciaire et à prendre des mesures conservatoires contre les auteurs des « actes de torture » dont a été victime l’artiste camerounais Simon Lonkana Agno. Bien qu’une enquête administrative ait été prescrite par le ministre de la Défense, le Groupe d’Intervention Judiciaire estime que les faits sont suffisamment graves pour qu’un procureur se saisisse ex officio de ce dossier et que les présumés auteurs de ces actes de torture soient provisoirement suspendus.

Le Groupe d’Intervention Judiciaire SOS-Torture en Afrique, exprime son indignation suite à la publication depuis le 23 octobre 2024 d’une vidéo montrant l’artiste camerounais Simon Lonkana Agno dit Longuè Longuè en train de subir des actes de torture à quelques jours de l’examen du Cameroun par le Comité des Nations unies contre la torture les 13 et 14 novembre prochain.

Ces évènements qui remonteraient à 2019 aux lendemains des élections présidentielles de 2018 au Cameroun, alertent sur les actes de torture ayant été commis pendant cette période de contestation post-électorale. En réalité de nombreuses autres voix dissidentes avaient fait l’objet d’actes d’intimidation, d’arrestations et de détentions arbitraires puis de torture par les forces de sécurité camerounaise.

Le GIJ a été saisi d’au moins une dizaine de cas impliquant aussi des agents et hauts responsables de la Sécurité Miliaire (SEMIL) dont deux ont fait l’objet d’une plainte actuellement pendante devant le Comité des Nations unies contre la torture. Dans l’un de ces cas, des enquêtes administratives ont été prescrites par le ministre de la Défense mais n’ont pas abouti, 05 ans après les faits. Le Cameroun est coutumier des enquêtes inachevées lorsqu’il s’agit de violations impliquant des hauts responsables des unités spéciales de l’armée et des services de renseignements.

Ces violations flagrantes des droits humains sont largement entretenues par le climat d’impunité qui permet aux agents des forces de l’État de commettre ces atrocités sans crainte « sérieuse » de conséquences. C’est un message dangereux qui est renvoyé aux populations, incitant à la peur, au manque de confiance dans les institutions étatiques, et à l’auto censure in fine.

L’impunité des tortionnaires se nourrit aussi très largement du silence des victimes surtout en l’absence d’un mécanisme de protection des témoins, des lanceurs d’alerte et des victimes de torture, tel que prévu dans le Plan d’action national de promotion et de protection des droits de l’homme au Cameroun (2015-2019).

Cette affaire offre donc l’opportunité aux institutions camerounaises de garantir que les mécanismes d’investigations judiciaires sont mis en œuvre dans le délai raisonnable, de garantir que des peines appropriées sont infligées aux auteurs de torture, de garantir que les victimes reçoivent une réparation effective de leur préjudice et que ses actes ne se reproduisent plus.

Les signataires : Les avocats ci-dessous sont signataires de cette lettre :

Maitre AMAZOHOUN Ferdinand, Collectif des associations contre l’impunité ́au Togo (CACIT)/Togo

Maitre AMEGAN Claude, Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT)/Togo

Maitre DOUMBIA Yacouba, Mouvement Ivoirien des Droits de l’Homme (MIDH)/ Cote d’Ivoire

Maitre RAHMOUNE Aissa, Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADH)/ Algérie

Christian Loubassou, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-Congo) / République du Congo

Maître NKONGHO Felix, Center for Human Rights and Democracy in Africa (CHRDA)/ Cameroun

Maitre WEMBOLUA Henri, Alliance pour l’Universalité des Droits Fondamentaux (AUDF)/ RDC

Maitre Annie Masengo, Réseau des Défenseurs des Droits de l’Homme (RDDH)/ RDC

Maitre NODJITOLOUM Salomon, Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT/TCHAD)

Maitre NIYONGERE Armel, SOS-Torture Burundi/ Burundi

Maitre Zaninyana Jeanne d’Arc Collectif des Avocats pour la Défense des Victimes de Crimes de Droit International commis au Burundi (CAVIB)/ Burundi

Pour plus d’informations, veuillez contacter : Panis Roger Kpakou, Coordonnateur du Groupe d’intervention judiciaire/SOS-Torture en Afrique Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT) / Tel : (+228) 92 70 63 70. Email : rogerkpakou@gmail.com

Le groupe d’intervention judiciaire SOS-Torture en Afrique est un groupe d’avocats du réseau SOS-Torture de l’OMCT qui vise à contribuer à renforcer la prévention, la responsabilisation et la réparation des cas de torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Il est constitué de 16 avocats africains et se trouve sous le parrainage de l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) et du Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT).

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Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT) est créée suite aux violences que le Togo a connues avant, pendant et après les élections présidentielles de 2005. C’est un réseau de quatorze (14) associations et ONGs apolitiques et à but non lucratif afin de contribuer à l’amélioration de la situation des droits de l’Homme, au renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance au Togo.

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